3/ L’Association France Pêche Durable & Responsable.

En un demi-siècle, stimulée par l’émergence de grands groupes de constructeurs et dopée par des investissements à la hauteur des enjeux économiques et sociaux, l’automobile a largement entamé sa révolution. Courbes aérodynamiques, introduction du turbocompresseur sur les modèles diesel, motorisation hybride, électronique généralisée, matériaux composites… Dans les bureaux d’études, ingénieurs et designers rivalisent de talent pour mettre sur le marché des véhicules moins gourmands en carburant, plus sûrs et plus propres.
Dans une certaine mesure, l’industrie nautique a su s’inspirer de ces innovations technologiques, notamment en ce qui concerne l’allègement des navires, la conception des coques et les logiciels embarqués. Toutefois, le bateau demeure un attribut de loisir au sein du marché des particuliers et conserve son caractère majoritairement artisanal auprès des professionnels. Force est de constater qu’il reste nombre d’obstacles règlementaires et de tabous financiers à surmonter pour permettre à la filière pêche de relever les défis d’une économie viable, responsable et durable.

LA VOLONTÉ D’UN HOMME, LA FORCE D’UN RÉSEAU

Face à la tentation d’un repli corporatiste et conservateur, l’Association France Pêche Durable & Responsable, a initié, dès 2008, une action résolument novatrice en fédérant, autour d’elle, un large panel de partenaires : acteurs de la filière, communautés scientifiques et de recherche, collectivités et usagers du littoral, industries concernées par les enjeux maritimes… Pour en arriver là, il a fallu qu’un homme d’expérience, d’action et de conviction décide de prendre à bras-le-corps un combat qui lui tient depuis longtemps à cœur.
Fils du fondateur de la coopérative maritime étaploise, Jacques Bigot dès 1980, rejoint la cause des marins pêcheurs et de la pêche artisanale. Cofondateur d’une organisation nationale professionnelle, reconnue représentative en 1983, il entre au Comité Central des pêches Maritimes, instance paritaire nationale consultée par le ministère sur tous les sujets et règlements concernant la pêche française. Membre du conseil exécutif du Comité Consultatif Régional Européen pour les eaux occidentales septentrionales et du CCR  Mer du Nord, conférencier international, il est entouré d’une équipe de responsables d’origines diverses ayant en commun une longue expérience de la pêche et des mandats de haut niveau (Maurice Benoish, Pierre-Georges Dachicourt, Jean-Luc de Feuardent, Eric Gosselin, Patrick Cousin, Eric Guyniec, Lhotis Denhez, Philippe Vallette) ainsi que de nombreux patrons pêcheurs engagés, tous partageant la volonté de favoriser l’évolution inéluctable des métiers de la pêche dans un cadre indépendant, novateur et partenarial.
Après les graves crises économiques subies par la pêche française en 1990, celles du début des années 2000 et surtout la dernière en 2007, crises dues à la baisse des quotas de pêche, l’effondrement des prix de vente du poisson et l’explosion du prix du carburant, Jacques Bigot comprend que les solutions proposées par les politiques et réclamées par la profession (aides financières compensatrices plus ou moins bien déguisées, non compatibles avec la réglementation européenne) ne peuvent résoudre durablement les problèmes récurrents. Le salut ne peut provenir que d’une rupture technologique qu’il faut préparer et valider pour entamer des programmes de modernisation de la flotte de pêche afin que celle-ci s’adapte aux nouvelles contraintes réglementaires, économiques, écologiques en assurant sa pérennité et sa rentabilité.
Déterminé à proposer des solutions concrètes, efficaces et rapidement « applicables sur le terrain », Jacques Bigot fonde, en 2008, l’Association France Pêche Durable & Responsable dont il prend la présidence. Dans la foulée, le projet Fish2EcoEnergy depuis 2011 se propose d’impulser les évolutions technologiques indispensables pour une pêche économe en énergie, limitant ses rejets atmosphériques et maîtrisant son empreinte sur le milieu naturel, les fonds marins et les ressources halieutiques. Le programme prend corps dans les « conditions réelles » de pêche avec l’équipement et la transformation du chalutier  La Frégate III, désormais navire démonstrateur du programme Fish2EcoEnergy.