Pour son premier parrainage, la Frégate III s’offre le nec plus ultra

Le 14 avril dernier, un vaisseau à l’allure futuriste, battant pavillon suisse, est apparu dans le port de Boulogne-sur-Mer. Cette imposante flèche miroitante de plus de 900 m2 frisant l’écume avec grâce, c’est le MS Tûranor Planet Solar, plus grand bateau solaire du monde, invité d’honneur du 23ème Festival des Images de Mer de Nausicaa. A son bord, un skipper d’exception, grand défenseur du patrimoine marin : Gérard d’Aboville. A l’occasion de la Soirée des Energies du Futur, l’association France Pêche Durable et Responsable, a pu partager avec l’illustre navigateur autour des enjeux cruciaux de la révolution énergétique et technologique dans les domaines de la navigation et de la pêche. Pour Jacques Bigot, président de FP&D, et ses collaborateurs, ce fut aussi l’aubaine d’obtenir, en faveur de la Frégate III et du projet Fish2eco-energy, un soutien éminemment éclairé.

FP&D : Gérard d’Aboville, pour les moins de 30 ans, rappelons que vous vous êtes illustré, en 1980, en effectuant 5 200 kilomètres en solitaire et à la rame, entre la côte Est des Etats-Unis et la côte bretonne. Un exploit qui a fait de vous, l’un des tous premiers navigateurs écoresponsable, et que vous réitérez, 11 ans plus tard, à travers le Pacifique. Comme Guy Béart l’a illustré avec espièglerie dans une de ses chansons*, vous avez toujours privilégié l’action à la vaine protestation…

Gérard d’Aboville : Je dirais qu’aucun progrès décisif ne peut se réaliser sans action mais aussi sans réflexion ni concertation. En bon marin, je me suis toujours efforcé de « sentir le vent » et d’adapter mes initiatives aux impératifs du moment. C’est pourquoi, ces trente dernières années, après m’être engagé en politique, notamment en tant que député européen, je me suis investi auprès de la Fondation du patrimoine maritime et fluvial dont j’ai accepté la présidence en 1997. En 2006, j’ai rejoint l’équipe du projet Planet Solar qui, depuis, a su prouver que la navigation à l’énergie solaire, donc à moindres coûts et sans nuisances environnementales, pouvait contribuer à faire avancer la recherche scientifique.

FP&D : Après le premier tour du monde réalisé, en 2012, à la seule énergie photovoltaïque et une expédition le long du Gulf Stream en collaboration avec une équipe de chercheurs climatologues, le MS Tûranor Planet Solar s’apprête à rejoindre la Grèce pour une expédition archéologique. Que pensez-vous de la place à laquelle peut prétendre le secteur de la pêche dans le défi de la navigation du futur ?

G. d’A. : Non seulement les marins-pêcheurs peuvent prétendre tenir un rôle de premier plan dans la maîtrise de l’énergie et le respect de l’environnement mais ils le doivent ! Le développement des technologies d’avenir ne concerne pas que les industriels et les politiques. C’est aussi l’affaire des consommateurs de cabillaud et autres fruits de mer, autant dire tout le monde ! A ce titre, le projet Fish2eco-energy mérite le soutien de tous dans la mesure où il parvient à expérimenter de réelles innovations en conditions réelles de pêche et où ces avancées me paraissent tout à fait judicieuses et prometteuses.

 

* Entre-temps ramait d’Aboville, 1992